Dans le domaine de l’élevage de bovins de boucherie, le coût des aliments pour animaux constitue une part importante des dépenses. De fait, il représente jusqu’à 70 % des coûts d’exploitation totaux, et peut donc avoir un impact considérable sur les résultats d’un éleveur. Le coût des aliments pour animaux fluctue en fonction du prix des céréales, des conditions météorologiques et de la demande du marché, ce qui affecte la viabilité des exploitations individuelles et influe sur la durabilité globale du secteur. Par conséquent, l’amélioration de l’efficacité alimentaire est une stratégie qui permet aux éleveurs d’optimiser leur production.
L’efficacité alimentaire désigne la capacité d’un animal de transformer les aliments consommés en gain pondéral. L’amélioration de l’efficacité alimentaire permet de réduire le coût de l’alimentation tout en améliorant la rentabilité et la durabilité d’une exploitation. Cependant, la mesure de l’efficacité alimentaire et la sélection en fonction de ce critère ne sont pas simples, car il existe différents indicateurs et méthodes pour évaluer cette caractéristique complexe.
Un indicateur courant de l’efficacité alimentaire est le taux de conversion alimentaire (TC), qui est le rapport entre les aliments consommés et le gain pondéral obtenu. Cependant, le TC a certaines limites, car il ne tient pas compte des besoins d’entretien de l’animal ni des différences dans la composition corporelle et le potentiel de croissance entre les animaux. En fait, des études montrent que la sélection des animaux en fonction du TC se traduit par une augmentation des poids matures au fil du temps.
Un indicateur plus précis et plus exhaustif de l’efficacité alimentaire est l’ingestion alimentaire résiduelle (IAR), qui se définit comme la différence entre l’ingestion alimentaire réelle d’un animal et l’ingestion prévue en fonction de son poids corporel et de son taux de croissance. Les animaux ayant une IAR faible (négative) présentent une meilleure efficacité alimentaire, car ils consomment moins que prévu pour leur niveau de production. L’IAR est indépendante de la taille du corps et du taux de croissance et peut être utilisée pour sélectionner les animaux en fonction de l’efficacité alimentaire sans avoir d’effets négatifs sur d’autres caractères liés à la production. Il existe un autre indicateur qui cumule les avantages de l’IAR et du gain moyen quotidien résiduel (GMQR) : la combinaison des consommations et des gains résiduels (CGR). Le CGR permet de cibler les bovins qui consomment moins que prévu et prennent plus de poids que prévu, et est donc mieux adapté à la sélection des bovins. Les calculs de l’IAR et du CGR exigent la surveillance de la prise alimentaire et du gain pondéral de chaque animal sur une période allant de 49 à 91 jours.
La sélection des bovins en fonction de l’IAR ou du CGR peut avoir des effets positifs considérables sur les systèmes de production bovine. Des études montrent que la sélection des bovins axée sur une faible IAR permet de réduire la quantité d’aliments ingérés, d’améliorer l’efficacité alimentaire (à la fois l’IAR et le TC), de réduire les émissions de méthane et d’augmenter le revenu net. Les recherches visant à évaluer le rapport entre l’IAR et les caractéristiques des carcasses sont contradictoires; certaines études montrent une diminution du gras de la carcasse et du faux-filet chez les animaux présentant une plus grande efficacité alimentaire, alors que d’autres ne montrent pas d’effet marqué. De la même façon, les résultats concernant la performance de reproduction associée aux bovins présentant une plus grande efficacité alimentaire sont inégaux; certaines études indiquent une réduction des taux de gestation, et d’autres ne font ressortir aucune différence entre les groupes d’animaux à IAR élevée et à faible IAR. Il est nécessaire d’approfondir les recherches dans ces domaines afin de mieux comprendre l’influence de la sélection axée sur l’efficacité alimentaire.
Le taux d’adoption de l’analyse de l’efficacité alimentaire chez les bovins de boucherie est faible, ce qui s’explique probablement par un manque d’accès à des installations équipées pour mesurer l’ingestion alimentaire individuelle des animaux. Une solution pour remédier au manque de laboratoires d’analyse est l’analyse génomique. La sélection génomique fondée sur les marqueurs d’ADN pour prédire la valeur génétique des animaux en matière d’efficacité alimentaire a fait l’objet de recherches poussées, et permet d’améliorer l’exactitude et la fiabilité des valeurs d’élevage espérées en déterminant les effets de nombreux gènes qui influencent des caractères complexes. Plusieurs projets de recherche ont permis d’identifier des marqueurs d’ADN associés aux caractéristiques de l’efficacité alimentaire dans différentes populations de bovins de boucherie à l’aide de puces SNP à haute densité ou du séquençage du génome entier. Ces marqueurs ont été utilisés pour développer des tests génomiques permettant d’identifier avec une précision relativement élevée les bovins présentant une génétique supérieure en matière d’efficacité alimentaire. Les tests génomiques peuvent réduire le coût et la durée de la mesure de l’ingestion alimentaire, augmenter le nombre d’animaux évalués et favoriser une sélection précoce des jeunes animaux avant qu’ils n’entrent en production.
Le Technology Access Centre for Livestock Production (TACLP) du Olds College of Agriculture & Technology est un pôle de recherche et d’innovation qui apporte du soutien et des services à l’industrie de l’élevage en lui donnant accès à des installations, des équipements et une expertise de pointe dans des domaines tels que la santé, la nutrition, la génétique et le bien-être des animaux. Le TACLP vise à améliorer la santé et le bien-être des animaux, à accroître l’efficacité de la production et à renforcer la durabilité environnementale de la production animale au Canada et ailleurs. L’un des services offerts, moyennant une rémunération à l’acte, est l’analyse de l’efficacité alimentaire des bovins et des ovins.
Au TACLP, l’efficacité alimentaire est évaluée au moyen du système Vytelle SENSE (anciennement GrowSafe), qui comprend des distributeurs de fourrage permettant de contrôler la consommation individuelle d’aliments grâce à des balances sensibles et à des lecteurs d’étiquettes d’identification par radiofréquence (IRF). Chaque fois qu’un animal se rend à un distributeur de fourrage, la balance mesure précisément la quantité ingérée et l’associe à l’animal concerné grâce à la reconnaissance de l’étiquette IRF. En outre, un système de pesée à l’intérieur des enclos qui mesure quotidiennement le poids des animaux pourrait réduire la période d’analyse officielle à 49 jours. La période totale d’analyse serait ainsi réduite à seulement 59 jours, en tenant compte d’un minimum de dix jours d’adaptation au système, à l’environnement et au régime alimentaire.
Des places étant encore disponibles, toute personne souhaitant en savoir plus sur le programme d’analyse est invitée à communiquer avec Sean Thompson, directeur du TACLP, en écrivant à l’adresse sthompson@oldscollege.ca.
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