Quelques façons d’atténuer l’impact des plastiques agricoles
Tandis que le Canada poursuit ses efforts pour éliminer progressivement les plastiques à usage unique, le secteur agricole devra remplacer un large éventail de produits utilisés au quotidien dans les activités agricoles, comme les pellicules d’enrubannage des balles de foin et les sacs à ensilage.
Lynn Leavitt, éleveur de bovins de boucherie de l’Ontario, a mis au point une solution maison innovante pour régler son problème lié aux films plastiques : il a conçu et fabriqué un compacteur permettant de comprimer les pellicules d’enrubannage des balles et de les rassembler en vue de les expédier à une entreprise de recyclage. Cette innovation lui a valu le prix Don Hill 2022 de l’Association pour l’amélioration des sols et des récoltes de l’Ontario, qui est décerné à des personnes proposant des solutions créatives à des défis environnementaux à la ferme.
Lisez l’article original de Barb Keith dans Ontario Grain Farmer, la publication officielle du partenaire de Bioenterprise Canada, Grain Farmers of Ontario.
SELON AGRIRÉCUP, EN 2021, LE NOMBRE TOTAL DE CONTENANTS RETOURNÉS POUR ÊTRE RECYCLÉS A DÉPASSÉ 6,2 MILLIONS, SOIT ENVIRON 700 000 DE PLUS QU’EN 2020 – UNE HAUSSE DE 12,5 %.
LES AGRICULTEURS DÉPENDENT des plastiques à usage unique pour la production et la protection de leurs cultures. Mais alors que les gouvernements du monde entier interdisent des produits de consommation comme les pailles et les sacs en plastique, de nombreux agriculteurs se demandent si les articles dont ils dépendent sont appelés à être bannis.
Pour l’instant, Barry Friesen, directeur général d’AgriRÉCUP, pense que les articles comme les contenants de pesticides, les sacs de semences et de pesticides, les sacs à grains et à ensilage, les pellicules d’enrubannage de balles et la ficelle resteront disponibles grâce aux efforts déployés par l’industrie pour recycler ces articles. « Tant que nous les gérons correctement, nous ne risquons pas d’être confrontés à des mesures comme des interdictions », dit-il.
RECYCLAGE DE PETITS CONTENANTS
Le programme phare de recyclage des petits contenants d’AgriRÉCUP fonctionne d’un océan à l’autre. Le recyclage des autres articles agricoles varie d’une province à l’autre. Avec un taux de récupération des matières autorisées de plus de 90 % en Ontario, au Québec et dans les Maritimes, les agriculteurs font preuve d’une solide détermination à éviter que ces articles aboutissent dans les sites d’enfouissement ou soient éliminés par d’autres moyens inappropriés, comme l’incinération. M. Friesen croit que le succès du programme s’explique en partie par la longue histoire de ces provinces en matière de recyclage résidentiel, de sorte que les agriculteurs sont déjà habitués à ne pas mettre les matières plastiques à la poubelle. À l’échelle nationale, le taux de récupération est de 77 %, ce qui est considéré comme excellent pour un programme essentiellement volontaire. Selon AgriRÉCUP, en 2021, le nombre total de contenants retournés pour être recyclés a dépassé 6,2 millions, soit environ 700 000 de plus qu’en 2020; il s’agit d’une hausse de 12,5 %.
Le retour des articles est très facile : les producteurs peuvent retourner les conteneurs et les sacs de semences ou de pesticide propres à l’endroit où ils ont acheté les produits. « Le recyclage de nos contenants vides est simple, affirme Don Badour, céréaliculteur et éleveur de bovins de boucherie du comté de Lanark, en Ontario . « Il me suffit de les rincer trois fois lorsque je remplis le pulvérisateur, de retirer le livret et de les déposer dans un sac de collecte. Notre fournisseur nous facilite la tâche en les récupérant lors de la livraison ou de la collecte d’autres articles à notre ferme. »
Selon M. Friesen, le plus grand obstacle à l’augmentation du recyclage est la collecte d’un volume suffisant de matériaux, et il est assez coûteux de collecter et d’expédier les pellicules, les contenants et les sacs vides à l’entreprise de recyclage. Des projets pilotes ont été mis en place partout au Canada, dont un dans le comté de Bruce, pour collecter la ficelle des presses à balles, les sacs à ensilage, les bâches de silos-fosses et les pellicules d’enrubannage de balles.
Si la plupart des programmes sont volontaires, des règlements ont été adoptés au Québec, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Manitoba pour récupérer toutes sortes de plastiques. À l’heure actuelle, il n’existe aucun projet de règlement en Ontario.
La plus grande partie du plastique récupéré est recyclée en d’autres objets en plastique comme des tuyaux, des films, des poteaux de clôture et des palettes, mais l’objectif d’AgriRÉCUP est de créer une économie circulaire dans laquelle les contenants en plastique sont recyclés en contenants et les sacs à grains, en d’autres sacs à grains, par exemple.
INNOVATION À LA FERME
Comme il n’y a pas encore de programme de collecte des pellicules d’enrubannage de balles ou de sacs à ensilage en Ontario, Lynn Leavitt, éleveur de bovins de boucherie du comté de Prince Édouard et propriétaire de l’entreprise U-Pac Agri Service, a décidé qu’il devait faire quelque chose à propos de l’accumulation de films plastiques à sa ferme. Il a donc conçu et fabriqué un compacteur permettant de comprimer les pellicules d’enrubannage de balles en ballots d’environ 450 kilos (1 000 livres) qui s’empilent à merveille sur une palette de taille standard. Le compacteur est très facile d’utilisation; il suffit de laisser sécher les sacs, de les secouer pour en déloger les saletés et de les jeter dans le compacteur pour qu’ils soient comprimés.
M. Leavitt collabore avec des agriculteurs locaux pour collecter suffisamment de ballots pour remplir un camion de transport, et compte sur la coopération de son magasin local de fournitures agricoles pour fournir un lieu de chargement et de l’équipement. Les ballots sont ensuite expédiés à une entreprise de recyclage de la région de London. Il faut environ un an aux agriculteurs participants de sa région pour rassembler suffisamment de pellicules d’enrubannage de balles pour remplir un chargement d’environ 45 000 livres. M. Leavitt aimerait que les agriculteurs d’autres régions de la province collaborent pour remplir des camions.
Après avoir entendu parler du compacteur, M. Badour en a commandé un pour sa ferme afin de gérer ses pellicules d’enrubannage de balles et ses sacs à ensilage.
« Nous avons récemment loué une benne à ordures pour nous débarrasser des films plastiques que nous avions accumulés. Malheureusement, ils ont pris l’humidité et ont gelé dans la benne avant qu’elle ne soit vidée au site de transbordement des déchets, alors il a fallu la vider à la main. La durabilité est importante pour notre exploitation, et c’est pourquoi nous préférons travailler avec d’autres agriculteurs pour que ce matériau soit recyclé. »
M. Leavitt collabore avec AgriRÉCUP et a distribué plusieurs compacteurs au Québec. Il vend aussi les plans aux agriculteurs ou aux municipalités pour qu’ils construisent leurs propres compacteurs.
Le travail acharné de M. Leavitt a été récompensé par l’Association pour l’amélioration des sols et des récoltes de l’Ontario et par la famille Hill, qui lui a décerné en 2022 le prix Don Hill Legacy Award pour ses solutions créatives et novatrices aux défis environnementaux à la ferme.
Pour obtenir plus d’information sur les programmes d’AgriRÉCUP, consultez le www.agrirecup.ca.
LE PRIX DON HILL
Généreusement offert par Ruth Hill et sa famille, ce prix annuel récompense une exploitation agricole de l’Ontario qui a su faire preuve d’innovation et d’ingéniosité à la ferme pour remédier efficacement à un risque environnemental lié au sol, à l’eau, à l’air ou à la biodiversité.
Don Hill était spécialiste des sols et des cultures au ministère provincial de l’Agriculture avant de se consacrer entièrement à la ferme familiale dans le comté de Grey. Tout au long de cette période, M. Hill a été un fervent défenseur de l’Association pour l’amélioration des sols et des récoltes de l’Ontario (AASRO), dont il a été le président en 1988. Au début des années 1990, lorsque le concept de plan agroenvironnemental (PAE) a été introduit dans le secteur agricole de l’Ontario, M. Hill a travaillé avec l’AASRO pour promouvoir le programme et former l’équipe chargée de l’organisation des ateliers. Son engagement a laissé une marque indélébile sur les formidables réalisations associées au programme. La passion de M. Hill pour le PAE était largement connue et admirée. Pour lui, il s’agissait avant tout de la mise en commun des expériences des agriculteurs pour favoriser l’apprentissage continu et découvrir les meilleures pratiques de gestion. Il éprouvait une réelle satisfaction à trouver des solutions simples et créatives aux défis environnementaux à la ferme. Sa passion est perpétuée par le prix qui porte son nom.
Pour obtenir plus d’information sur le prix Don Hill, consultez le www.ontariosoilcrop.org/fr.