Bioenterprise Canada soutient une jeune entreprise de l’économie circulaire
Par Lilian Schaer
Dans un monde en quête de solutions au problème des déchets alimentaires, une jeune entreprise canadienne cherche à changer la donne grâce au suprarecyclage. Terra Bioindustries [en anglais seulement] valorise des sous-produits des déchets agroalimentaires comme les drêches de brasserie en les transformant en ingrédients durables pour les fabricants de produits alimentaires et de boissons.
« De nombreux déchets agricoles ne sont pas pleinement exploités, et nous avons choisi de commencer par les drêches en raison de leur disponibilité », explique le président-directeur général et fondateur de Terra [en anglais seulement], Steve George. « Il y a 40 millions de tonnes métriques de drêches dans le monde, et la plus grande partie aboutit dans les sites d’enfouissement ou est utilisée pour l’alimentation animale. Une très petite proportion revient dans la chaîne alimentaire humaine, et notre objectif est de la transformer en produits utilisables afin de l’intégrer de manière utile dans une économie circulaire. »
À l’échelle mondiale, ajoute M. George, il y aurait un milliard de tonnes de déchets agroindustriels qui ne sont pas pleinement exploités. La transformation de ces déchets en matières premières pour les industries alimentaires et chimiques est essentielle à la transition vers une économie à faible émission de carbone. La raison d’être de Terra est de faciliter et d’accélérer cette transition.
Terra a mis au point une plateforme qui permet d’extraire les protéines et les sucres des drêches – les résidus de grains après le brassage de la bière – et de produire un ingrédient protéiné sec destiné au marché de l’alimentation humaine ainsi qu’une matière première riche pour la fermentation de précision.
Selon M. George, le produit d’origine végétale de Terra, appelé Protina, est le premier du genre qui peut être utilisé pour l’alimentation humaine, notamment dans la fabrication de produit de boulangerie-pâtisserie et de barres de collation. L’industrie de la boulangerie-pâtisserie, par exemple, produit des pains hyperprotéinés dont les principales sources de protéines sont les pois et le soya, mais Protina offre une solution de rechange au profil de saveur plus compatible qui améliore le goût de ces types de produits.
L’autre produit de Terra, Recyclose, est un mélange de sucres destiné à l’industrie de la fermentation de précision, qui utilise actuellement des sucres de canne ou de betterave traditionnels pour cultiver des micro-organismes comme des algues ou des mycéliums, la structure des champignons qui s’apparente à un réseau de racines.
« Nous offrons tous nos produits à un prix comparable à ceux des produits de rechange traditionnels, et comme substituts ou produits de rechange aux ingrédients traditionnels, indique M. George. De plus, en recyclant les drêches, nous réduisons les émissions de dioxyde de carbone associées à l’enfouissement des déchets; par un effet de cascade, Protina et Recyclose procurent des avantages considérables à nos clients. »
L’entreprise est actuellement au stade pilote; on espère amorcer la production commerciale d’ici le printemps 2024 et on envisage d’avoir un modèle d’affaires éprouvé par le marché d’ici 2026 ou 2027. La vision à long terme de M. George est d’établir une installation à proximité d’une brasserie pour bénéficier d’un accès stable et facile à un approvisionnement en drêches.
« Nous cherchons toujours à conclure des partenariats avec des brasseurs qui produisent des drêches de bonne qualité et qui les traitent comme un ingrédient destiné à un autre usage plutôt que comme un déchet à éliminer », dit-il. D’ailleurs, Terra collabore actuellement avec plusieurs petites et grandes brasseries partenaires très engagées.
Le chemin qui mène de l’idée à la commercialisation d’un produit est toutefois long, et l’entreprise a été ravie de bénéficier d’une aide au démarrage par l’intermédiaire de Bioenterprise, le Réseau foodtech et agtech du Canada.
Le personnel de l’accélérateur et son réseau national d’experts ont joué un rôle inestimable en aidant Terra à définir des applications pour ses ingrédients, à affiner sa présentation à l’intention des bailleurs de fonds et à revoir son modèle d’entreprise.
« Bioenterprise nous fournit des ressources qui répondent à nos besoins, et ses orientations nous aident à tracer la voie à suivre. Par exemple, comment pouvons-nous montrer aux organismes de réglementation que nos protéines sont sans danger pour la consommation humaine? Nous recherchons aussi du financement par capitaux propres provenant de sources privées, et Bioenterprise a examiné nos dossiers de présentation et nous a aidés à les affiner. »
L’innovation de Terra suscite de l’intérêt. L’année dernière, l’entreprise a été retenue comme demi-finaliste dans le cadre du défi de réduction du gaspillage alimentaire d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, et elle a également reçu du financement du Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada.
« Le suprarecyclage est un domaine complexe, et il faut sensibiliser les clients pour que nos produits soient largement acceptés par les entreprises, mais, en définitive, nous pensons que le suprarecyclage doit être au cœur de l’économie durable de l’avenir, ajoute M. George. Et nous avons compris que notre solution de suprarecyclage arrive à point nommé au regard des objectifs des entreprises, des réglementations gouvernementales et du changement climatique. »
Bioenterprise est le Réseau foodtech et agtech du Canada. À titre d’accélérateur national dédié à la commercialisation des technologies agricoles, Bioenterprise met à profit ses 20 ans d’expérience au service de l’industrie et son réseau international d’experts, de mentors, de bailleurs de fonds, de chercheurs et de partenaires de l’industrie pour aider les petites et moyennes entreprises agroalimentaires à connecter, à innover et à grandir.
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