Repenser la gestion du risque d’insécurité alimentaire au Canada : le rôle de l’agrotechnologie et des accélérateurs

Dans un contexte où le Canada est aux prises avec les complexités d’un paysage alimentaire mondial en plein changement, il convient peut-être d’évaluer notre approche, d’examiner nos points forts et nos vulnérabilités et d’approfondir la question de savoir comment l’innovation et la collaboration peuvent renforcer notre position en matière de sécurité alimentaire.

Posted: Mai 15, 2024

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Par Tabitha Caswell pour Bioenterprise Canada

Le dernier rapport Global Food Security Index de l’organisme Economist Impact [les deux sites sont en anglais seulement] fait état d’un affaiblissement du système alimentaire mondial, au sein duquel le Canada est un acteur clé : il se classe au 7e rang par les 113 pays de la liste. Cette position charnière montre que le Canada peut être le fer de lance d’initiatives mondiales et diriger les efforts visant à assurer la sécurité alimentaire dans le monde.

Mais ne brûlons pas les étapes. Les prix des aliments atteignant des sommets inégalés, nous ne pouvons pas ignorer la pression ressentie à l’intérieur de nos frontières. Peut-être devons-nous d’abord examiner nos faiblesses, renforcer nos propres systèmes agroalimentaires et veiller à ce qu’ils soient assez résistants pour servir de modèle à nos homologues internationaux.

Les défis liés à la sécurité alimentaire au Canada

Si le Canada obtient de bons résultats en matière de qualité et de salubrité des aliments, il est confronté à d’importants défis liés à des facteurs comme les problèmes d’infrastructures agricoles et les risques climatiques. En outre, notre sécurité alimentaire est mise à l’épreuve par l’évolution de la demande des consommateurs et la mondialisation des chaînes d’approvisionnement alimentaire, ce qui nécessite l’importation de certains produits alimentaires potentiellement sensibles aux fluctuations du marché mondial.

Les avancées technologiques, comme l’agriculture de précision et l’analyse de la chaîne d’approvisionnement, offrent des solutions prometteuses, mais leur adoption généralisée n’en est qu’à ses débuts. En outre, les tensions géopolitiques peuvent entraîner des perturbations commerciales, ce qui fait ressortir la nécessité d’élaborer des stratégies visant à mettre en place des systèmes alimentaires plus autosuffisants, plus adaptables et plus bénéfiques à l’échelle locale.

Qu’est-ce que la gestion du risque de sécurité alimentaire?

L’insécurité alimentaire résulte d’un accès inconstant et irrégulier à des aliments nutritifs. Cette expérience s’accompagne d’un sentiment d’anxiété et d’incertitude, qu’il soit réel ou perçu. D’après les dernières données de Statistique Canada, le nombre de Canadiens qui font partie d’un ménage souffrant d’insécurité alimentaire s’établit à 9 millions de personnes, soit 22,9 % de la population, contre 6,9 millions de personnes ou 18,4 % de la population seulement un an auparavant.

La gestion du risque de sécurité alimentaire suppose un examen attentif des risques qui menacent de perturber un système alimentaire, l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies visant à atténuer les risques, et un suivi constant du système afin de rester prêt à réagir. Ce processus est essentiel pour veiller à ce que toutes les personnes aient un accès constant à des aliments salubres et nutritifs, en quantité suffisante pour combler leurs besoins alimentaires.

Cette approche de gestion globale a pour but de maintenir la disponibilité, l’accès, la stabilité et l’utilisation des ressources alimentaires. Les ressources naturelles du Canada sont abondantes, tout comme son capital humain. Grâce à des systèmes éducatifs et économiques développés, les Canadiens possèdent les compétences et les talents nécessaires pour mettre en œuvre et maintenir des systèmes alimentaires robustes. Que manque-t-il donc à notre système actuel pour qu’il soit encore meilleur?

Renforcer la sécurité alimentaire grâce à des efforts concertés

D’un point de vue géographique, les ressources du Canada s’étendent sur de vastes distances. D’un point de vue opérationnel et politique, les provinces et les régions fonctionnent de manière indépendante. Ces facteurs, et d’autres encore, entravent la collaboration à l’échelle nationale.

Pour faire progresser la sécurité alimentaire dans un pays de la taille du Canada, il est essentiel de favoriser la collaboration entre les parties prenantes, y compris les gouvernements, les acteurs du secteur privé et les organismes sans but lucratif. Grâce à des efforts conjoints, ces collaborations peuvent favoriser l’adoption de pratiques et de technologies agricoles innovantes qui garantissent la résilience de l’approvisionnement alimentaire.

La compréhension de l’ampleur des défis à relever ouvre la voie à des solutions concrètes. Par conséquent, le rôle des accélérateurs agrotechnologiques s’avère crucial pour unifier les différents groupes afin qu’ils travaillent à l’atteinte d’un objectif commun.

Des accélérateurs comme Bioenterprise peuvent faciliter ces collaborations en réunissant l’expertise et les ressources nécessaires pour mettre en place des solutions efficaces et innovantes. Ils peuvent aussi plaider en faveur de politiques qui soutiennent l’agriculture et la distribution alimentaire durables, en particulier dans les régions mal desservies du Canada.

Le rôle de l’agrotechnologie, des entreprises en démarrage et des accélérateurs dans les systèmes agroalimentaires du Canada

L’agrotechnologie et l’innovation peuvent contribuer de manière importante à l’amélioration de la sécurité alimentaire en intégrant des pratiques agricoles avancées, qui peuvent conduire à une augmentation de la productivité et de la durabilité de l’agriculture.

Les jeunes entreprises agrotechnologiques qui se consacrent à l’amélioration des pratiques agricoles, à l’introduction de nouvelles méthodes de production alimentaire et à la distribution des produits dans nos systèmes alimentaires peuvent avoir un impact considérable sur la stabilité future de la sécurité alimentaire au Canada. Le soutien aux entrepreneurs du domaine agrotechnologique ouvre des perspectives de développement économique à l’intérieur et à l’extérieur du secteur alimentaire.

En effectuant des investissements ciblés dans des domaines comme la recherche et le développement agricoles et la technologie, le Canada peut aller de l’avant et développer des technologies qui améliorent la qualité nutritionnelle des aliments. Nous pouvons également aborder les questions relatives aux maladies liées à l’alimentation, qui sont l’une des principales causes de décès prématuré dans le monde.

Si le Canada a réalisé des investissements positifs dans la recherche et la technologie agroalimentaires, d’autres défis se posent après l’étape de la découverte. La commercialisation et l’adoption de produits et de systèmes innovants ne sont toujours pas assurées.

« L’étape cruciale, mais souvent négligée, du passage de la recherche à la commercialisation est celle où le plein potentiel du soutien des secteurs public et privé à l’innovation est réalisé », souligne Dave Smardon, président-directeur général de Bioenterprise.

Chef de file national de l’écosystème, Bioenterprise joue un rôle central à cet égard en coordonnant le soutien aux jeunes entreprises et aux projets agrotechnologiques qui visent à améliorer nos systèmes alimentaires. À titre d’accélérateur national, Bioenterprise se trouve à l’épicentre des réseaux régionaux fragmentés, avec une vision claire de la feuille de route reliant tous les acteurs de l’écosystème alimentaire canadien. Forte de plus de 20 ans d’expérience et de présence dans le secteur agroalimentaire, Bioenterprise peut jouer un rôle complémentaire à celui du gouvernement en soutenant des politiques qui favorisent la croissance et qui font ressortir les possibilités.

Les possibilités dans le domaine de la sécurité alimentaire au Canada

Malgré les défis, plusieurs possibilités s’offrent au Canada d’améliorer sa sécurité alimentaire. Le pays peut tirer parti de ses prouesses technologiques pour moderniser les infrastructures agricoles et ainsi réduire l’impact des risques climatiques. Les investissements dans l’agrotechnologie peuvent se traduire par une utilisation plus efficace de l’eau, une meilleure résistance des cultures et une meilleure prévision des changements environnementaux.

En outre, le Canada a la possibilité d’élargir ses marchés d’exportation de produits alimentaires en faisant preuve de leadership en matière de pratiques de production alimentaire durables. Il est aussi possible de mobiliser la prochaine génération d’agriculteurs et d’entrepreneurs grâce à des programmes éducatifs axés sur le développement durable et la technologie en agriculture. Enfin, une collaboration accrue entre les gouvernements, le secteur privé et les établissements de recherche peut déboucher sur des solutions innovantes qui protègent les systèmes alimentaires contre les perturbations liées au climat.

Le renforcement de la sécurité alimentaire au Canada nécessite une approche stratégique de la gestion des risques qui intègre des solutions agrotechnologiques de pointe et des efforts concertés.

En se concentrant sur les défis immédiats et à long terme, le Canada peut gérer les risques et atteindre son objectif de garantir à tous les Canadiens un accès à une alimentation sûre et nutritive, en quantité suffisante. Le renforcement de l’infrastructure et du cadre agroalimentaires du Canada renforcera notre capacité à accompagner d’autres pays vers la sécurité alimentaire.