Les sciences biologiques et la gestion d’entreprise au service de la croissance de l’aquaculture canadienne

M. Jason Cleaversmith, directeur général, Incubation et infrastructure à la PEI BioAlliance et conseiller de Bioenterprise, aborde les défis et les possibilités qu’offre le secteur canadien de l’aquaculture.

Posted: Mar 19, 2024

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Par Tabitha Caswell pour Bioenterprise

L’expertise de M. Jason Cleaversmith dans les domaines de l’aquaculture, de la fermentation et des produits naturels s’est enrichie grâce à une combinaison unique d’expériences universitaires et professionnelles et est façonnée par les liens solides qu’il a tissés au sein d’un réseau en plein essor. Fort d’un parcours alliant la géologie, la biotechnologie marine, les produits biologiques et la direction d’entreprises, il incarne le sentiment entrepreneurial selon lequel l’ouverture d’esprit et le courage de prendre des risques transforment chaque nouvelle expérience en une nouvelle possibilité de croissance.

Directeur général, Incubation et infrastructure de la Prince Edward Island BioAlliance (PEI BioAlliance) [en anglais seulement] et membre du Comité consultatif sur la science et l’innovation (CCSI) [en anglais seulement] de Bioenterprise Canada, M. Cleaversmith livre son point de vue unique qui se situe au croisement de la science et du commerce.

Entre terre et mer

Natif du Royaume-Uni, le jeune Jason adorait la nature. Un voyage scolaire près de sa ville natale, dans le Yorkshire, l’a conduit au sommet de la plus haute structure autoportante du Royaume-Uni, l’émetteur d’Emley Moor, qui offre vue panoramique de la campagne environnante. Alors qu’il scrutait les eaux de la mer d’Irlande, à l’ouest, et de la mer du Nord, à l’est, une curiosité s’est emparée de lui et l’a incité à vouloir découvrir toutes les merveilles du monde naturel.

Jeune adulte, il a d’abord été attiré par la glaciologie et s’est inscrit à l’Université d’Édimbourg [en anglais seulement], mais après quelques excursions tumultueuses aux quatre coins de l’Écosse, il s’est découvert une passion pour la géologie, ce qui l’a amené à changer d’orientation et de discipline. Ce changement l’a finalement conduit vers un doctorat en géochimie environnementale marine, complété par une expérience pratique dans le cadre d’un stage d’été au cabinet BP Norge.

Après avoir terminé son doctorat, M. Cleaversmith a dirigé un nouveau service de commercialisation au premier institut marin d’Écosse, la Scottish Association for Marine Science (SAMS) [en anglais seulement], où il a mené des projets d’envergure, dont la première étude de référence en mer au monde portant sur une usine nucléaire qui allait bientôt être mise hors service. Après avoir navigué en mer Baltique et en mer du Nord pour étudier le temps de séjour des polluants et l’impact des déblais de forage sur l’environnement marin, il a obtenu une maîtrise en administration des affaires de l’Université de Glasgow [en anglais seulement], ce qui lui a permis d’acquérir des connaissances approfondies sur les principes fondamentaux de l’entreprise.

Le secteur des sciences biologiques

La formation commerciale de M. Cleaversmith a créé un lieu de rencontre fondamental entre la science et la commercialisation, espace qu’il a trouvé profondément gratifiant. Dans une jeune entreprise de biotechnologie marine, il a mis à profit son expérience en sciences marines et en aquaculture environnementale pour explorer de nouveaux composés antimicrobiens potentiels provenant de sources marines. Cette aventure a ouvert la voie à un débouché au Canada; en 2009, il s’est installé à l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.), où il a associé sa passion pour les sciences et la biotechnologie marine au développement des entreprises au sein de l’organisme Innovation PEI.

Ensuite, M. Cleaversmith est devenu chef de la division AquaHealth de Novartis Animal Health à l’Île-du-Prince-Édouard – un rôle polyvalent qui consistait à gérer une équipe dédiée à la recherche et à la production de produits biologiques pour l’industrie de l’aquaculture. Puis, après l’acquisition et l’intégration d’Elanco, il est retourné en Écosse où il a accepté un poste de direction au Scottish Aquaculture Innovation Centre [en anglais seulement], au service de la chaîne d’approvisionnement et du milieu de la production aquacole du pays. Peu après, il est devenu directeur général du AKVA Group [en anglais seulement], l’une des principales entreprises mondiales de services et d’approvisionnement pour l’aquaculture, dont il supervisait les activités au Royaume-Uni et en Irlande.

Il est ensuite entré au service de Hatch Blue [en anglais seulement], premier accélérateur au monde dans le domaine de l’aquaculture. Cette expérience enrichissante a conduit M. Cleaversmith d’Hawaï à la Norvège, puis à Singapour, où il a été exposé à diverses pratiques et espèces aquacoles. En tant que mentor auprès d’entrepreneurs, il a forgé des liens profonds pendant cette période, et ceux-ci demeurent une partie précieuse de son parcours professionnel.

Pendant son mandat à Hatch Blue, M. Cleaversmith a été sollicité par le Centre for Aquaculture Technologies. Il est devenu directeur général des opérations canadiennes et vice-président, Santé et nutrition pour le Canada, et a aidé l’organisation à développer ses activités. Enfin, il est devenu directeur général, Incubation et infrastructure de la PEI Bioalliance, poste qu’il occupe toujours aujourd’hui.

M. Cleaversmith et l’équipe de la PEI BioAlliance renforcent stratégiquement la compétitivité du secteur des sciences biologiques de l’Île-du-Prince-Édouard sur la scène mondiale tout en favorisant un écosystème local où l’innovation, l’éducation et la croissance s’épanouissent en synergie. Leur mission est très bénéfique pour le Canada atlantique, où l’industrie des produits de la mer (aquaculture, pêche et transformation) contribue de manière importante aux économies locales.

La croissance et le succès de l’industrie aquacole sont primordiaux, non seulement pour l’Île-du-Prince-Édouard, mais aussi pour le Canada et le reste du monde. Pour saisir l’importance du rôle que joue l’aquaculture aujourd’hui et pour l’avenir de notre système alimentaire, nous devons d’abord comprendre ce qu’est l’aquaculture.

Comprendre l’aquaculture

L’aquaculture désigne l’ensemble des activités de culture et d’élevage d’une foule d’espèces animales et végétales en milieu aquatique. Pour la plupart des gens, l’aquaculture est synonyme d’élevage de saumons ou de truites, mais c’est beaucoup plus que cela.

Pour mettre l’aquaculture en perspective, nous pouvons la comparer à l’agriculture terrestre. Nous connaissons tous l’agriculture terrestre et son rôle dans la production de poulet, de bœuf, d’agneau et de porc. L’aquaculture fonctionne selon un modèle similaire, mais dans un environnement aquatique, et les espèces qui y sont élevées comprennent les poissons, les crustacés, les mollusques, les plantes aquatiques et les algues. Mais de nombreux consommateurs canadiens ignorent encore tout de ce secteur en pleine évolution.

« L’aquaculture a une longue et riche histoire en Asie, où elle contribue de manière importante à l’approvisionnement en protéines et à l’alimentation quotidienne, mais elle est relativement récente dans les cultures occidentales, explique M. Cleaversmith. Ici, c’est le secteur de la pêche traditionnelle qui fournissait nos “protéines de la mer”. Mais au cours des 60 dernières années, nos connaissances pour soutenir une industrie aquacole florissante au Canada se sont considérablement élargies – le saumon, la truite et l’omble en sont de beaux exemples de réussite. Source de protéines favorisant la santé cardiaque pour les consommateurs nord-américains, l’aquaculture dépasse désormais la pêche pour ce qui est du volume de protéines fournies par l’environnement aquatique.

Il existe plusieurs méthodes et modes de production en aquaculture, dont certains ont des objectifs différents. Les écloseries, par exemple, servent à reconstituer les populations sauvages d’espèces aquatiques menacées ou épuisées et à soutenir la production d’alevins pour le secteur de l’aquaculture. Certaines plantes et algues marines sont cultivées pour l’alimentation, pour la biorestauration et comme matière première pour la fabrication de nouveaux produits tels que les bioplastiques. Des poissons et des plantes d’aquarium sont aussi produits pour être vendus dans le monde entier. En outre, le milieu marin est une source précieuse de nouveaux bioactifs essentiels à la santé animale et humaine, qui entrent dans la fabrication de suppléments nutritifs, de produits pharmaceutiques et d’ingrédients de base.

Les consommateurs nord-américains profitent également du dynamisme du secteur canadien des mollusques et crustacés, qui assure un approvisionnement continu en moules et en huîtres – peut-être la plus durable de toutes les sources de protéines. Il est important de souligner que l’aquaculture est l’une des principales sources de protéines alimentaires. Représentant actuellement 17 % de la production totale de protéines, elle contribue grandement à la sécurité alimentaire mondiale.

À mesure que la population augmente, la demande de fruits de mer est appelée à croître. Devant les contraintes futures liées à l’agriculture traditionnelle, comme la rareté des terres agricoles productives et les effets du changement climatique, l’aquaculture est un domaine attrayant et en pleine expansion. Devenu un élément majeur de l’industrie alimentaire mondiale, l’élevage offre une solution de rechange aux produits de la mer capturés à l’état sauvage, ce qui peut contribuer à atténuer la surexploitation des océans. Mais comme d’autres secteurs de l’agriculture, l’aquaculture comporte aussi son lot de défis.

Remise en question des points de vue traditionnels

Qu’il s’agisse d’élevage dans des enclos ouverts en mer ou de systèmes d’aquaculture en recirculation sur terre, l’aquaculture se heurte visiblement à des obstacles de perception. Si notre acceptation des paysages terrestres naturels a évolué au fil des siècles, l’émergence relativement récente de l’aquaculture remet en question les points de vue traditionnels et est aussi influencée par un manque général de compréhension du domaine marin et de ce qui se passe sous la surface de l’eau.

« Nous avons été conditionnés à croire que la campagne agricole qui nous entoure est dans un “état naturel”, dit M. Cleaversmith. Toutefois, si nous remontions 100 ou 200 ans en arrière, le paysage aurait été très différent de ce qu’il est aujourd’hui. Notre perception de ce qui est “naturel” est très différente selon l’époque où nous l’observons. »

La perception du public est souvent influencée par un manque de contexte historique et par une compréhension incomplète de son impact relatif sur l’environnement. Toutefois, selon M. Cleaversmith, les données indiquent que l’aquaculture a un impact environnemental très faible, kilogramme pour kilogramme, par rapport à des sources similaires de protéines.

En agriculture traditionnelle comme en aquaculture, des amendements et autres substances – aliments et médicaments – sont indispensables à la croissance et au bien-être optimaux des animaux, et tout excès est susceptible d’avoir des effets néfastes. Toutefois, si l’on compare l’aquaculture à l’élevage terrestre, M. Cleaversmith indique que le bilan de l’aquaculture est plutôt bon : les meilleurs indices de conversion alimentaire, des systèmes de production durables et un pourcentage élevé de protéines saines comestibles. Mais, comme toujours, il y a du travail à faire pour réduire la mortalité et améliorer la durabilité.

Au-delà des perceptions, les critiques de l’aquaculture font souvent état de préoccupations concernant les parasites et les maladies comme les poux de mer et la maladie des branchies, qui affectent la santé et le bien-être des populations de poissons d’élevage et de saumons sauvages. Bien qu’elles soient légitimes, il importe de souligner que des préoccupations de cette nature sont communes à tous les secteurs des protéines animales. Et comme dans tous les domaines de l’agriculture, le secteur de l’aquaculture s’adapte continuellement pour faire face aux problèmes, en mettant en œuvre des mesures de lutte contre les maladies dans les systèmes à enclos ouverts et en explorant de nouvelles innovations pour améliorer la biosécurité. Des entreprises comme WellFish Tech [en anglais seulement] s’efforcent de mettre à la disposition des pisciculteurs des solutions d’évaluation et de suivi fondées sur des données afin d’améliorer la santé et le bien-être des poissons.

Pour comprendre la situation actuelle de l’aquaculture et ce qui l’attend dans l’avenir, M. Cleaversmith résume les choses simplement : « D’abord, pour des raisons culturelles, nous avons notre propre idée de la définition et de l’aspect d’un environnement naturel, et l’aquaculture, qui est un terrain inconnu pour certain, remet en question cette idée; ensuite, nous ne savons pas ce qui se passe sous la colonne d’eau d’une ferme aquacole, et nous sommes donc naturellement enclins à nous en méfier. Oui, il y a des problèmes que nous devons régler, mais le monde a besoin de plus de protéines et, à mon avis, l’aquaculture est l’une des solutions évidentes pour répondre à ce besoin. »

Compte tenu de l’augmentation de la demande mondiale de protéines, ce rôle est de plus en plus vital. Le secteur s’est engagé à relever des défis tels que la lutte contre les parasites et les maladies ainsi que la durabilité.

Renforcer la durabilité 

Les sources aquatiques représentent de 15 à 20 % des protéines comestibles consommées dans le monde, dont environ 50 % proviennent de l’aquaculture. Et dans certaines régions du monde, le poisson et d’autres espèces aquatiques représentent plus de 70 % des protéines consommées. Ces chiffres montrent à quel point l’aquaculture est essentielle pour répondre à la demande croissante de protéines au Canada et dans le reste du monde.

Toutefois, dans l’avenir, le secteur de l’aquaculture sera confronté à des défis accrus en matière de durabilité en raison des effets du changement climatique, notamment la fluctuation des températures, l’acidification des océans et l’élévation du niveau des eaux. Ces changements environnementaux contribuent à l’apparition de nouveaux agents pathogènes, à l’augmentation de la fréquence des proliférations d’algues et à la multiplication des populations de méduses nuisibles, autant de problèmes auxquels le secteur doit faire face pour maintenir sa viabilité. Le Canada a donc intérêt à investir pour relever ces défis.

« Le Canada est bordé par trois océans et abrite également certaines des plus grandes mers intérieures du monde, dit M. Cleaversmith. Ces caractéristiques naturelles font de l’aquaculture un secteur clé pour l’économie canadienne, et si le Canada peut reproduire ce qui a été réalisé en Norvège, cela apportera la prospérité, créera des emplois bien rémunérés et contribuera à soutenir les communautés rurales pendant de nombreuses années. La possibilité d’exporter des protéines saines et de haute qualité à nos voisins aux États-Unis pourrait entraîner un énorme boum économique. »

En outre, des politiques internationales comme l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les subventions à la pêche visent à réduire les pratiques insoutenables, ce qui accroît l’incertitude quant à l’avenir de l’aquaculture dans le contexte du changement climatique et des objectifs de développement durable. Pour relever ces défis, il faut améliorer l’efficacité et réduire la dépendance à l’égard des ressources marines essentielles, afin de garantir le rôle de l’aquaculture dans un système de production alimentaire durable pour nourrir une population mondiale croissante.

En ce qui concerne la durabilité, l’élevage du saumon a déjà une longueur d’avance. Comparativement aux autres protéines, le saumon a une faible empreinte carbone et génère assez peu de déchets. Le plus récent Coller FAIRR Protein Producer Index [en anglais seulement], publié en novembre 2023, présente un classement des producteurs de protéines cotés en bourse en fonction de facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance essentiels. Dans ce rapport, sept des dix meilleures entreprises sont des salmoniculteurs. En tête du classement se trouvent Mowi ASA et Grieg Seafood [deux sites en anglais seulement], qui possèdent des exploitations en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve.

En 2021, les salmoniculteurs canadiens ont formé un comité consultatif externe chargé de définir un ensemble d’engagements nationaux visant à orienter et à suivre les progrès accomplis en vue d’atteindre des objectifs de développement durable d’ici 2032, ainsi qu’à en rendre compte. En tant que membres de l’Alliance de l’industrie canadienne de l’aquaculture (AICA), tous les principaux salmoniculteurs du Canada ont adopté ces engagements et ont déjà entrepris des travaux relatifs à la santé des poissons, la santé des océans, l’adoption de pratiques d’alimentation durable, la sécurité alimentaire et la traçabilité.

Mais pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050 M. Cleaversmith affirme que le secteur, à l’échelle mondiale, a encore du travail à faire, ce qui soulève la question suivante : « Est-il judicieux d’acheminer le saumon du Chili vers l’Amérique du Nord ou le Japon par avion? Ce n’est pas écologique et c’est coûteux. Ne pourrions-nous pas rapprocher la production des principaux marchés, et quelles sont les options qui s’offrent à nous? »

« Le mouvement en faveur de systèmes d’aquaculture en recirculation à cycle complet a pris de l’ampleur au cours de la dernière décennie, car on cherche à installer ces infrastructures près des principaux marchés afin de réduire les coûts de transport. Toutefois, il reste de nombreux défis à relever pour parvenir à mettre au point des systèmes biologiques stables et essentiels, dotés de dispositifs de sécurité suffisants pour soutenir la vie aquatique pendant un cycle de croissance de deux à trois ans. »

On s’attend à ce que les changements climatiques aient des répercussions disproportionnées sur différentes parties du monde. Les personnes vivant dans les climats tropicaux, qui dépendent fortement des protéines d’origine marine, seront plus durement touchées que celles qui vivent dans des climats tempérés. Ainsi, au fur et à mesure que l’industrie évolue, le Canada a la possibilité d’apporter un soutien essentiel au reste du monde. Mais comment apporterons-nous ce soutien? Face aux obstacles à surmonter, l’avenir du secteur dépend des investissements dans les innovations émergentes et d’un cadre réglementaire favorable, politiquement prévisible et attrayant pour les investisseurs.

Surmonter les obstacles

M. Cleaversmith illustre les frontières technologiques tracées pour relever des défis comme les ravageurs et les maladies. Les stratégies vont de l’utilisation de lasers, de barrières à bulles et de filets et d’autres systèmes de nettoyage avancés à la mise en œuvre de programmes de sélection innovants pour se concentrer sur des caractéristiques spécifiques. Par exemple, les équipes de recherche explorent l’intégration des nuances génétiques et comportementales de certaines espèces « sœurs » comme le saumon coho, qui possède une résistance innée aux poux de mer.

Outre la lutte contre les parasites, les chercheurs étudient des moyens d’optimiser la santé des poissons grâce à des formulations alimentaires avancées qui incluent des cultures durables riches en oméga et des concentrés de protéines de soya. Des entreprises comme GreensSage Prebiotics [en anglais seulement], une jeune pousse de la Nouvelle-Écosse, ont également introduit des prébiotiques et des probiotiques qui renforcent le système immunitaire et contribuent à la santé et au bien-être des poissons.

L’élevage à long terme des poissons exige des études rigoureuses, un suivi constant et la mise en œuvre d’innovations à chaque étape. « L’industrie de l’aquaculture est de plus en plus complexe, souligne M. Cleaversmith, et le contrôle sanitaire de routine peut désormais soutenir l’utilisation d’immunostimulants et d’additifs alimentaires pour renforcer le bien-être et la robustesse des poissons, ce qui atténue les épidémies et améliore le bien-être des poissons grâce à des interventions ciblées et opportunes. Combinées à une vaccination efficace, ces stratégies assurent une protection contre certains pathogènes bactériens et viraux courants et frayent le chemin à un bien-être amélioré des poissons. »

Il explique que dans certaines parties du monde, le débat sur les poux de mer a conduit à une surveillance réglementaire qui peut être préjudiciable au bien-être des poissons. « Une fois certains seuils dépassés, des traitements inappropriés contre les poux de mer peuvent causer plus de dommages aux poissons que les poux ne le feraient eux-mêmes. La tenue d’un débat scientifique, rationnel et fondé sur des données probantes permet de contribuer à la santé et au bien-être des poissons, tout en gardant la maîtrise du principal parasite de l’élevage de salmonidés. »

Les fermes d’aquaculture deviennent rapidement des centres de haute technologie qui utilisent des systèmes d’alimentation fondés sur l’IA, des capteurs perfectionnés et l’analyse de données pour assurer une croissance et une santé optimales des stocks de poissons. Ce croisement de la biologie et de la technologie rapproche le secteur d’un avenir où l’efficacité et la durabilité sont intimement liées, démontrant ainsi que l’aquaculture consiste autant à favoriser l’innovation qu’à entretenir la vie sous les vagues. C’est à ce chapitre que des organisations comme la PEI BioAlliance entrent en ligne de compte.

La PEI BioAlliance

Dans le secteur canadien des sciences biologiques, la PEI BioAlliance est un exemple d’innovation, de croissance et de développement de grappes industrielles. Située dans la plus petite province du Canada, cette organisation sans but lucratif, dirigée par l’industrie, a contribué à propulser le secteur des sciences biologiques de la province de ses débuts modestes à une industrie formidable dont le chiffre d’affaires annuel s’élève aujourd’hui à plus de 600 millions de dollars.

Ce qui distingue la PEI BioAlliance, c’est sa mission première, qui consiste à favoriser et à accélérer la croissance des entreprises de sciences biologiques établies à l’Île-du-Prince-Édouard, en veillant à ce que la grappe s’épanouisse en synergie grâce à des ressources alignées et à une orientation collective. Le succès de l’organisation réside dans son approche unique de la collaboration. Contrairement aux grands centres, la taille modeste de l’Île-du-Prince-Édouard permet un alignement harmonieux des parties prenantes, y compris les universités, l’industrie et les partenaires provinciaux et fédéraux, qui travaillent à l’unisson pour atteindre un objectif commun.

Cette focalisation particulière a permis à l’Île-du-Prince-Édouard de devenir un acteur important du domaine des sciences biologiques, créant une dynamique où même les plus petites entités peuvent prospérer. « Étant donné la très petite taille de l’Île-du-Prince-Édouard, il est possible d’être un gros poisson dans une petite mare. Il est beaucoup plus facile de mettre en commun des ressources et d’aligner des partenaires qu’à Montréal ou à Toronto, par exemple. Cela aide également à aligner les objectifs et les priorités et à rester concentré tout en exploitant les points forts de la province », dit M. Cleaversmith.

En se concentrant sur la santé animale, notamment grâce au prestigieux Atlantic Veterinary College [en anglais seulement], l’équipe a cultivé un créneau qui lui permet de se développer sans se disperser. Le croisement avec les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation est stratégique et sélectif, et permet d’approfondir des domaines comme la fermentation et le développement de produits naturels, où les considérations réglementaires et l’expertise en matière de biotransformation sont cruciales.

Soutenir les innovations émergentes

La BioAlliance encourage également l’innovation par le biais de son programme d’incubation, Emergence [en anglais seulement]. Cette initiative dépasse les frontières de l’Île-du-Prince-Édouard et encourage les entreprises de sciences biologiques dans tout le Canada atlantique. Emergence fournit un système de soutien complet, préparant les entreprises à l’investissement, les guidant à travers les voies réglementaires et les aidant à formuler de solides stratégies de lancement de produits.

Parmi les résultats dignes de mention de la vision de l’organisation, mentionnons Produits naturels du Canada et l’Alliance canadienne pour la formation et le développement de compétences en sciences de la vie, deux programmes nationaux conçus à l’Île-du-Prince-Édouard, mais qui s’épanouissent aujourd’hui en tant qu’entités indépendantes. Ces initiatives couronnées de succès soulignent la capacité de la région à se démarquer sur la scène nationale, en favorisant la croissance de l’industrie grâce à une formation et à un soutien ciblés. La gouvernance de la BioAlliance distingue également son modèle exceptionnel.

« Notre spécificité au sein de l’écosystème bioscientifique canadien a deux facettes : un conseil d’administration dirigé par l’industrie permet de mener une action rapide et réactive à l’égard des problèmes de l’industrie, et notre capacité à aligner les diverses parties prenantes sur une vision commune est inégalée, explique M. Cleaversmith. Cela nous différencie d’autres organisations à vocation universitaire ou publique. Cette cohérence garantit que même des initiatives comme le recrutement de nouvelles chaires universitaires ou les programmes de soutien provinciaux sont parfaitement adaptés pour soutenir les objectifs et les aspirations du secteur des sciences biologiques.

Assurer l’avenir

Pour répondre au besoin pressant du Canada en professionnels qualifiés, la BioAlliance a fait appel aux programmes de formation de l’Alliance canadienne pour la formation et le développement de compétences en sciences de la vie, avec l’autorisation du National Institute for Bioprocessing Research & Training (NIBRT) [en anglais seulement], en Irlande, afin de combler le manque de compétences dans le secteur biopharmaceutique.

Essentielles au développement d’une main-d’œuvre qui non seulement répond aux demandes actuelles, mais qui est également prête pour la croissance future de l’industrie des sciences biologiques, ces collaborations sont cruciales pour la sécurité de la population croissante du Canada et pour son économie. Et devant un avenir incertain, des experts compétents comme M. Cleaversmith montrent la voie à suivre.

Grâce à son dévouement envers le mentorat et à la création d’un solide réseau de soutien, M. Jason Cleaversmith s’est engagé à améliorer la santé et le bien-être, à renforcer la sécurité alimentaire et à stimuler la croissance économique à l’Île-du-Prince-Édouard et ailleurs. Témoignant du pouvoir de la curiosité et de la valeur de l’inattendu, son histoire, qui va des landes du Yorkshire aux côtes du Canada, est une source d’inspiration et un rappel que les chemins les plus gratifiants commencent souvent sur le seuil de votre propre maison.


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