Accroître la diversité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire de la Nouvelle-Écosse


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Une ferme verticale réutilise des résidus de culture pour produire des champignons de spécialité

Par Lilian Schaer pour Bioenterprise Canada

C’est une conversation fortuite avec son frère, il y a quatre ans, qui a ouvert la voie à une carrière que Jason Wolfe, enseignant et administrateur de longue date, n’aurait jamais imaginée : celle d’exploitant de ferme verticale.

En 2019, la carrière de M. Wolfe venait de prendre fin après la fermeture inattendue de l’école privée où il avait travaillé pendant dix ans, quand son frère Ryan, propriétaire de trois restaurants au centre-ville de Halifax, lui a suggéré de transformer une vieille grange située sur sa terre en ferme verticale.

« Quand je suis rentré chez moi ce soir-là, j’ai cherché ce qu’était une ferme verticale et j’ai été captivé. La fermeture de l’école m’avait plongé dans une grande confusion, et cela a déclenché quelque chose en moi », raconte M. Wolfe.

Il a été accepté dans un programme de travail autonome offert par le Centre de développement et d’éducation en entrepreneuriat (CDEE) de Halifax, où il a reçu de l’aide pour la création de son premier plan d’affaires. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans un parcours de trois ans et demi à la recherche de partenaires, d’investisseurs et de bailleurs de fonds. En février 2023, il a finalement effectué ses premiers semis dans sa nouvelle ferme verticale.

Le concept initial de la ferme Urban Lighthouse Farm était axé sur la culture de fines herbes, de légumes-feuilles et de mélanges couramment utilisés dans les restaurants, mais quand la pandémie de COVID-19 a entraîné la fermeture du secteur de la restauration, M. Wolfe a commencé à s’intéresser aux questions de sécurité alimentaire.

« La Nouvelle-Écosse est un bon exemple de l’insécurité alimentaire qui peut toucher différentes régions du Canada. Au plus fort de la pandémie, il est arrivé à plusieurs reprises que les rayons de nos épiceries soient vides en raison d’une rupture de la chaîne d’approvisionnement frigorifique ou du fait que les agriculteurs ne trouvaient pas de main-d’œuvre, par exemple. Aujourd’hui, nous nous concentrons surtout sur la manière dont nous pouvons contribuer à renforcer notre système agricole et, même si je ne pense pas que l’agriculture verticale puisse remplacer l’agriculture de plein champ, je crois qu’elle a un rôle à jouer, et c’est ce que nous explorons actuellement. »

Urban Lighthouse Farm produit actuellement des légumes-feuilles et des fines herbes sur une superficie d’environ 2 500 pieds carrés, et la production s’articule autour de trois produits principaux : le basilic de Genovese, un mélange de roquette et un mélange de jeunes pousses du printemps. À l’heure actuelle, M. Wolfe livre ses produits à des petits marchés de producteurs indépendants, des épiceries indépendantes et des restaurants de la région de Halifax, et il a des réunions préliminaires avec de plus gros distributeurs de la région.

M. Wolfe consacre 150 pieds carrés supplémentaires à un nouveau projet qui vient de voir le jour : la culture de champignons de spécialité dans le substrat issu de sa production d’herbes et de légumes-feuilles. Selon lui, l’un des grands problèmes de l’agriculture verticale est qu’elle ne peut remplacer la culture de plantes riches en calories ou en protéines.

« J’ai voulu me pencher sur ce problème et voir s’il existait un moyen d’augmenter le nombre de calories produites dans une ferme verticale, et ce, de manière rentable. Les champignons de spécialité sont une excellente source de protéines complètes et offrent un large éventail de bienfaits pour la santé. En même temps, les champignons de spécialité résistent mal au transport et sont chers à l’achat, dit-il. Notre procédé unique présente des avantages considérables; il permet de réduire les déchets alimentaires issus de notre production de légumes-feuilles et d’herbes aromatiques et d’explorer les champignons en tant que source de protéines saine et viable, accessible et peu coûteuse. »

La rencontre de Katrin Sommerfeld du bureau de liaison industrielle et communautaire de l’Université Acadia a permis à M. Wolfe d’entrer en contact avec des chercheurs des universités Acadia et Saint Mary’s afin d’étudier et de valider sa technique de culture de légumes-feuilles et de champignons en deux phases.

Leurs recherches ont montré qu’il était possible de cultiver avec succès des légumes-feuilles dans de la fibre de coco et de réutiliser le substrat pour cultiver des champignons. L’équipe de l’Université Acadia a aussi conçu un panier spécial en fibres de coco adapté à l’exploitation de M. Wolfe afin qu’il n’ait pas à se réoutiller pour utiliser les pastilles de fibres de coco largement répandues.

« Nous n’en sommes qu’au début du développement de ce processus innovant, et une deuxième série d’essais à l’Université Acadia permettra de confirmer s’il est possible de le déployer dans des environnements commerciaux plus vastes », explique-t-il, ajoutant qu’il recherche des fabricants qui seraient en mesure d’assurer la production de masse des paniers qu’il utilise dans sa ferme commerciale, où il plante entre 2 500 et 3 000 semis par semaine.

Urban Lighthouse Farm-2

M. Wolfe a reçu du soutien financier du Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada (PARI-CNRC) et de l’organisme Invest Nova Scotia pour ses recherches; Springboard Atlantic a aussi apporté un soutien considérable.

À long terme, il ambitionne de créer, au Canada atlantique, un réseau de petites fermes verticales qui mettraient en commun leurs ressources, maximiseraient leur logistique de transport et soutiendraient à la fois la création d’emplois à l’échelle locale et la sécurité alimentaire à l’échelle régionale.

« Nous voulons que ce système unique fondé sur l’utilisation de résidus pour la culture des champignons serve de modèle à d’autres exploitations agricoles. Je pense que ce processus peut être déployé dans toutes les régions et contribuer à créer de nouvelles sources de revenus, et je souhaite que la réutilisation des résidus devienne la norme dans les exploitations agricoles verticales. »

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