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Par Lilian Schaer pour Bioenterprise Canada

Une technologie écologique mise au point en Ontario permet de préserver la salubrité des aliments et de prolonger leur durée de conservation sans utiliser d’eau. Le système exclusif de l’entreprise Clean Works utilise la lumière ultraviolette, le peroxyde d’hydrogène vaporisé et l’ozone pour éliminer 99,9 % des agents pathogènes responsables des maladies d’origine alimentaire, notamment les moisissures et les bactéries comme Salmonella et Listeria.

La décontamination rapide, sans eau et sans produits chimiques fonctionne pour les fruits et légumes récoltés, ainsi que pour les chaînes de production et les contenants réutilisables.

« Les chaînes carbonées des agents pathogènes sont détruites et se transforment en vapeur d’eau et en oxygène. Il n’y a donc pas de résidus ni de déchets, et la décontamination est homogène sur toute la surface », explique Denise VanderVeen, directrice du développement commercial de Clean Works. « Alors que l’eau n’est efficace qu’à 50 %, ce processus sans eau permet d’atteindre un niveau d’assainissement beaucoup plus élevé. »

Yellow farm truck in front of red barn

Cette entreprise a été fondée en 2017 après qu’une éclosion de Listeria dans des pommes caramélisées aux États-Unis a incité Paul Moyer, cofondateur de Moyers Apple Products, dans la région de Niagara, à chercher un meilleur moyen de décontaminer les pommes et d’assurer un niveau accru de salubrité alimentaire à ses clients.

Pour ses pommes caramélisées, la décontamination à l’eau n’était pas envisageable. Son intérêt a donc été éveillé lorsqu’il a découvert que M. Keith Warriner de l’Université de Guelph travaillait sur le rôle des radicaux hydroxyles dans la sécurité alimentaire.

Aujourd’hui, la technologie de Clean Works est utilisée à l’échelle commerciale dans les secteurs des fruits et légumes fraîchement récoltés, des produits surgelés individuellement, de la transformation de la viande, de la volaille et des fruits de mer, ainsi que dans la production de volailles et d’œufs, où elle permet de décontaminer les œufs avant leur éclosion et de garder les poussins en meilleure santé durant la première semaine de leur vie.

Afin de déterminer si sa technologie pouvait également offrir des avantages avant la récolte des fruits et légumes frais, Clean Works a fait équipe avec le Vineland Research and Innovation Centre (Vineland) et l’établissement vinicole Vineland Estates Winery.

L’objectif était de déterminer si cette technologie pouvait aider à lutter contre l’oïdium et le mildiou dans les raisins de cuve, et quel serait l’impact de son utilisation sur la production de raisins.

« Dans la région de Niagara, l’oïdium et le mildiou commencent à devenir résistants aux fongicides et, en raison des règles strictes qui entourent l’utilisation des fongicides, de nombreuses caves vinicoles atteignent leur limite d’utilisation avant la récolte, ce qui entraîne une perte de fruits », explique Mme VanderVeen. 

L’équipe de Vineland a mené deux saisons de tests avec Clean Works. Au cours de la première saison, ils ont utilisé un prototype de Clean Works durant la nuit pour traiter des plants de vigne cultivés dans une serre-tunnel et inoculés avec de l’oïdium causé par le pathogène Erysiphe necator. Les variantes de traitement comprenaient l’exposition des plants à différents taux d’atteinte par l’oïdium ainsi que l’isolation du composant UV.

Durant la deuxième saison, l’équipe a transformé le prototype de Clean Works en machine à vendanger à Vineland Estates Winery et a réalisé un test à l’échelle commerciale sur des raisins atteints de mildiou et d’oïdium naturellement infectés par Erysiphe necator et Plasmopara viticola, respectivement. Ces tests consistaient à essayer différentes doses de traitement, à réduire les concentrations de peroxyde d’hydrogène et à évaluer l’efficacité des traitements effectués le jour par rapport à la nuit.

« Au cours de la première année, nous avons observé une réduction effective de la gravité de la maladie de l’oïdium sur les vignes après la désinfection à l’aide de la technologie de Clean Works, sans risque significatif lié aux impacts négatifs sur les plants », explique M. Andrew C. Wylie, chercheur spécialisé en phytopathologie à Vineland.

 « Vu les bons résultats des traitements nocturnes, dans la deuxième année, nous avons évalué l’efficacité des traitements effectués le jour et la nuit, et dans tous les cas, il semble qu’il y ait eu une réduction de la maladie après le traitement à l’aide de la technologie Clean Works, tant la nuit que le jour. « 

En fin de compte, note M. Wylie, les recherches ont montré que le procédé de Clean Works amoindrit la gravité du mildiou et de l’oïdium, ce qui réduit le besoin d’utiliser des fongicides en production viticole – un avantage à la fois pour l’environnement et pour la rentabilité des producteurs.

Ces études de validation sont aujourd’hui une étape cruciale dans le parcours de commercialisation de Clean Works. La technologie peut être un outil de contrôle, en particulier pour les producteurs axés sur le biologique, ou être employée dans le cadre d’un programme de traitement fongicide pour aider à gérer la résistance.

« Le mildiou altère aussi le goût des raisins et les rend impropres à la vente. Nous avons constaté une réduction de plus de 50 % de l’oïdium dans la serre-tunnel et au champ, ce qui s’est traduit par environ 90 % de raisins utilisables supplémentaires », ajoute Mme VanderVeen.

Pour Clean Works, la prochaine étape est la commercialisation de l’équipement et l’intégration de sa technologie aux gammes d’outils agricoles traditionnels comme les tracteurs et les vendangeuses. L’entreprise conduit aussi des recherches sur l’adaptabilité de sa technologie aux cultures de serre et à des légumes de plein champ comme le chou-fleur et le brocoli.

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