Une entreprise familiale de l’Est de l’Ontario brasse une bière locale respectueuse du climat
Une brasserie à la ferme adopte une technologie propre pour capturer et réutiliser le dioxyde de carbone
Par Lilian Schaer pour Bioenterprise Canada
Daniel et Ivan MacKinnon représentent la huitième génération de la ferme qui appartient à leur famille depuis l’arrivée de leurs ancêtres dans le Haut-Canada, en 1784. Ils sont toutefois les premiers à y avoir aménagé une brasserie et à lancer leur propre bière, la MacKinnon Brothers Brewing Co. L’entreprise peut aussi se vanter d’être durable grâce à la mise en œuvre d’un système fondé sur une nouvelle technologie propre.
« Mon frère et moi occupions des emplois différents; il était ingénieur à London, en Ontario, et j’étais brasseur en Angleterre. Nous voulions tous deux revenir à la ferme, explique Daniel. Nous voulions démarrer une entreprise à valeur ajoutée et, quand nous examinions les possibilités dans les domaines du brassage et de la distillerie, nous avons décidé d’opter pour la fabrication de bière. Nous avons donc commencé à rénover une vieille grange pour la transformer en brasserie. »
Déterminés à préserver l’histoire de leur ferme et de leur collectivité rurale, les MacKinnon tiennent à utiliser du houblon, de l’orge brassicole et du blé qu’ils produisent eux-mêmes, ou qu’ils se procurent auprès d’autres fermes locales. Leurs bières possèdent des arômes et des caractéristiques locales uniques, et comprennent des offres saisonnières comme une bière d’épeautre disponible pendant l’été.
« Nous nous efforçons d’utiliser toujours plus d’ingrédients cultivés à la ferme et, à mesure que nous nous développons et que nos ventes augmentent, nous restons fidèles à notre objectif de produire des bières 100 % issues de l’agriculture », dit Daniel.
Toutefois, il ne s’agit pas uniquement d’histoire et de tradition.
Une chaîne d’approvisionnement courte permet de mieux contrôler le produit du début à la fin, note Daniel, ce qui est important pour une entreprise qui croit que la qualité et la durabilité vont de pair avec ses racines rurales. Environ 85 % de leurs produits se vendent dans un rayon de 50 kilomètres de la brasserie, dont les succursales de la LCBO dans la grande région de Kingston, les magasins de bières de l’Est de l’Ontario, certaines épiceries Loblaws ainsi que les bars et restaurants locaux.
L’un des sous-produits du brassage de la bière est le dioxyde de carbone (CO2), qui est produit à l’étape de la fermentation. Les grandes brasseries capturent et condensent le CO2, mais les petits brasseurs n’ont pas cette possibilité, de sorte que le gaz est rejeté dans l’atmosphère.
Parallèlement, les brasseries ont besoin de CO2 à l’état liquide et purifié pour l’immersion ou la purge des réservoirs de brassage et des canettes, procédé qui vise à garantir que les contenants sont exempts d’oxygène qui serait susceptible d’altérer la qualité du processus de brassage.
« Avant, nous achetions du CO2 pour traiter nos réservoirs, alors que notre propre dioxyde de carbone était rejeté dans l’atmosphère. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que nous avons découvert une entreprise américaine qui avait créé une unité de capture et de condensation, adaptée aux petites exploitations. C’était une solution doublement avantageuse, car elle nous permettait de capturer et de réutiliser le dioxyde de carbone au lieu de le gaspiller. »
C’est grâce au financement du programme FoodShift, offert par Bioenterprise Canada, que l’entreprise a pu acheter et mettre en œuvre ce système. Financé par le gouvernement du Canada par l’intermédiaire de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario (FedDev Ontario), le programme a versé jusqu’à 50 000 $ de financement de contrepartie pour aider les transformateurs de produits alimentaires et de boissons à adopter des technologies propres.
« Ce financement a permis de rentabiliser un investissement considérable pour une petite entreprise comme la nôtre, dit Daniel. Il a aussi amélioré notre résilience vis-à-vis des fluctuations de prix et des pénuries sur les marchés du CO2; la capacité de produire notre propre approvisionnement et de savoir exactement quels seront les coûts est un grand avantage. »
En plus d’avoir cessé de gaspiller sa production de dioxyde de carbone, et ainsi de réduire son empreinte environnementale, MacKinnon Brothers Brewing a aussi réduit ses achats de CO2 de 80 % au cours de la première année et espère être autosuffisante d’ici un an.
L’entreprise a aussi collaboré avec l’équipe de spécialistes en innovation, en affaires et en commercialisation de Bioenterprise tout au long de son projet, ce qui lui a permis de valider certaines idées et d’établir des relations précieuses.
« Lorsqu’on a une idée innovante qui présente des avantages externes, comme la récupération du dioxyde de carbone, il est vraiment utile d’avoir accès à une organisation comme Bioenterprise, qui connaît bien le secteur, pour vous éclairer et vous offrir son expertise », conclut Daniel.
Bioenterprise est le Réseau foodtech et agtech du Canada, un accélérateur national dédié à la commercialisation des technologies agricoles. Bioenterprise met à profit plus de 20 ans d’expérience au service de l’industrie ainsi qu’un réseau mondial d’experts, de mentors, de bailleurs de fonds, de chercheurs et de partenaires de l’industrie pour aider les petites et moyennes entreprises agroalimentaires à connecter, à innover et à grandir. En savoir davantage.
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