Façonner un avenir durable pour le Canada grâce à l’innovation et à l’investissement dans l’agrotechnologie et les énergies vertes


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Meaghan Seagrave de l’organisme Bioindustrial Innovation Canada (BIC) livre son point de vue sur le lien essentiel entre l’agriculture, l’énergie et l’investissement, et sur l’importance d’adopter une approche unifiée pour préparer un avenir durable pour le Canada.

Par Tabitha Caswell

Confronté à des pressions croissantes pour atteindre les objectifs de développement durable et répondre à la demande grandissante de production alimentaire, tout en cherchant à renforcer sa compétitivité économique à l’échelle nationale et internationale, le secteur agricole canadien est à la croisée des chemins. Il est étroitement lié au secteur de l’énergie, notamment en ce qui concerne les pratiques durables, la gestion des ressources et la transition vers une économie à faible intensité de carbone.

Meaghan Seagrave, directrice générale de Bioindustrial Innovation Canada (BIC) [en anglais seulement] et « militante autoproclamée de la bioéconomie déguisée en spécialiste des opérations commerciales », livre son point de vue sur le lien qui existe entre l’agriculture, l’énergie et l’économie. Forte d’une vaste expérience en promotion de l’innovation et de la durabilité dans divers secteurs, elle nous fait prendre de l’altitude pour nous permettre d’avoir une vue transversale et panoramique.

À l’instar de l’agriculture, dans la course à la carboneutralité, plusieurs secteurs canadiens ayant une grande influence sur l’environnement sont souvent cloisonnés. Pourtant, bon nombre d’industries qui dépendent de ces secteurs convergent ou se chevauchent, d’où l’importance de tenir compte de ces relations lorsqu’on aborde la question des intrants et des extrants préoccupants.

« À BIC, nous nous concentrons sur la chimie verte, qui englobe l’agriculture, le secteur marin et les pêcheries, la foresterie, la fabrication, l’automobile, l’aérospatiale, la défense et bien d’autres domaines, explique Mme Seagrave. Ça peut donner l’impression que nous nous dispersons, mais en réalité, nous nous intéressons à la chaîne de valeur de la chimie verte dans son ensemble – les domaines où des intrants à faible teneur en carbone provenant de nos secteurs des ressources peuvent remplacer les intrants fossiles le long de ces chaînes de valeur industrielles. Cela comprend les carburants, les produits chimiques primaires, les polymères, les produits semi-finis, les produits transformés, la fabrication de pointe et plus encore. »

Le rôle de l’innovation dans l’agrotechnologie durable

Lorsque nous examinons de près le secteur agricole canadien, il ne fait aucun doute que l’innovation est essentielle à la mise en place d’un système plus durable et à l’épreuve du temps. Alors que le secteur subit des pressions grandissantes découlant du changement climatique, des pratiques comme l’agriculture de précision, l’intégration de l’énergie renouvelable et l’utilisation de matériaux durables offrent des solutions viables pour améliorer l’efficacité et réduire l’empreinte environnementale de la production alimentaire.

« Dans le contexte du changement climatique, l’agriculture en milieu contrôlé[SC1]  est de plus en plus répandue au Canada afin de prolonger les saisons de croissance et d’atténuer les répercussions du changement climatique, explique Mme Seagrave en faisant référence à l’énergie à faibles émissions de carbone. Il s’agit d’envisager des pratiques comme l’utilisation des flux de déchets pour produire de l’énergie, le captage et l’utilisation du carbone pour faire diminuer les coûts des intrants, et l’augmentation de la durabilité et de la circularité dans ces types de milieux agricoles. Ce genre d’innovation est essentiel pour bâtir un système agricole résilient et durable pour l’avenir. »

Les technologies agricoles propres et vertes offrent la possibilité d’accroître la productivité et la compétitivité et de renforcer la bioéconomie circulaire tout en atténuant les répercussions sur l’environnement. Toutefois, pour réaliser le plein potentiel du secteur agricole, la recherche et l’innovation de pointe sont insuffisantes; il faut aussi des investissements stratégiques et une collaboration active. D’importantes possibilités résident dans les efforts collectifs des entreprises de tous les secteurs, des investisseurs au stade de démarrage et des décideurs politiques qui travaillent ensemble à la mise en place d’un système agricole sain et résilient pour l’avenir.

Investissement stratégique pour développer des solutions agrotechnologiques

L’investissement est l’un des moteurs du développement de solutions agrotechnologiques durables. Pour transformer les pratiques agricoles et garantir l’adoption de technologies propres, le financement est essentiel. Des investissements stratégiques visant à fournir le capital nécessaire à la mise au point de systèmes d’énergie renouvelable, de technologies d’automatisation, d’outils d’agriculture de précision et de technologies de transformation des matières premières permettront d’accélérer le développement et la commercialisation de ces technologies. Faute de capitaux suffisants, ces innovations prometteuses peinent à atteindre leur pleine maturité, ce qui empêche le secteur de réaliser tout son potentiel.

« À BIC, nous nous efforçons de soutenir les technologies en phase de démarrage en fournissant des services d’accélération d’entreprise et de validation technique, souligne Mme Seagrave. L’investissement à ce stade est crucial pour aider les entreprises à surmonter les obstacles qui les empêchent de passer à l’échelle supérieure et de progresser vers le succès commercial. »

BIC crée des groupes axés sur l’identification, la validation et la commercialisation des technologies, en déployant des équipes d’experts techniques pour aider les entreprises à réaliser des projets pilotes et à passer de l’échelle du banc d’essai à la capacité d’attirer des investissements. L’objectif est de combler stratégiquement un fossé mal desservi par des technologies qui transcendent les secteurs et ne s’intègrent pas dans des silos sectoriels particuliers.

Combler les lacunes dans le financement des technologies en phase de démarrage

Selon Mme Seagrave, l’un des principaux obstacles auxquels est confronté le secteur de l’agrotechnologie est l’obtention de financement pour les technologies en phase de démarrage. De nombreuses innovations prometteuses sont mises au point dans des instituts de recherche et des établissements universitaires, mais il existe un fossé important entre le concept et la commercialisation. Les coûts d’investissement élevés associés aux projets pilotes et aux projets de démonstration et l’absence de mécanismes d’investissement de préamorçage font qu’il est difficile pour les technologies canadiennes d’atteindre le stade de la validation et d’attirer des investisseurs.

« En dehors des subventions gouvernementales, il n’existe aucun mécanisme permettant d’investir dans les technologies à ce stade très précoce. La plupart des capitaux au Canada étant axés sur la rentabilité et le taux de rendement, il est difficile pour les solutions agrotechnologiques nouvelles et à haut risque d’obtenir le soutien nécessaire pour réduire les risques perçus par les investisseurs en capital-risque traditionnels », explique Mme Seagrave.

Le rôle des partenariats public-privé et le soutien stratégique

Les partenariats public-privé (PPP) jouent un rôle crucial dans l’accélération de l’adoption des solutions agrotechnologiques durables. Ces collaborations combinent les ressources, l’expertise et la flexibilité du secteur privé avec le financement et le soutien réglementaire du secteur public. En travaillant ensemble, ces intervenants peuvent stimuler l’innovation, atténuer les risques liés aux nouvelles technologies et assurer une transition plus rapide et plus efficace vers un système agricole durable.

« Le cheminement vers le marché des technologies fondées sur nos secteurs des ressources est long et nécessite des dépenses d’investissement importantes, ce qui entrave les progrès vers la commercialisation, mentionne Mme Seagrave. Il existe une réelle possibilité de créer une vision intersectorielle dans laquelle les PPP peuvent se concentrer sur l’intégration de l’innovation dans les industries, qu’elles soient traditionnelles ou non. La collaboration entre les secteurs de l’agrotechnologie, de la foresterie et d’autres secteurs offre un potentiel énorme pour décarboner et améliorer la durabilité d’autres secteurs comme celui de la fabrication, mais ces efforts requièrent la capacité de voir la possibilité qui réside dans une chaîne de valeur chimique plus verte. Pour que le Canada puisse véritablement réaliser son potentiel dans l’économie mondiale à faible intensité de carbone, il faut adopter une approche globale qui permette de tirer parti de nos secteurs agricole et forestier pour décarboner les industries manufacturières du pays. »

Les politiques gouvernementales sont aussi essentielles pour créer un environnement propice à ces partenariats. Des politiques claires et favorables peuvent réduire les barrières à l’entrée pour les entreprises innovantes en les aidant à accéder au financement nécessaire et à franchir les obstacles réglementaires, éliminant ainsi l’incertitude pour les entreprises.

Toutefois, pour que ces partenariats prospèrent, il est nécessaire d’aligner les objectifs politiques sur les besoins de l’industrie, en mettant l’accent sur la durabilité à long terme et le développement de technologies de pointe qui favorisent la transformation de l’industrie. « C’est cet alignement qui permettra d’accroître la productivité et la compétitivité des entreprises et des industries au Canada », dit Mme Seagrave.

Regarder vers l’avenir et s’engager pleinement

L’avenir de l’agriculture canadienne repose sur l’innovation, l’investissement stratégique et de solides collaborations entre les secteurs public et privé. En soutenant la croissance des technologies propres et vertes, nous pouvons bâtir un système alimentaire durable et résistant, capable de répondre à la demande d’une population mondiale croissante tout en atténuant les répercussions sur l’environnement. C’est particulièrement vrai lorsque les innovations énergétiques sont intégrées dans l’équation. Toutefois, pour concrétiser cette vision, les investisseurs, les décideurs politiques et les chefs d’entreprise doivent unir leurs efforts.

À la fois réaliste et optimiste, Mme Seagrave affirme que le Canada offre certaines des possibilités les plus intéressantes au monde en ce qui concerne la réduction de l’intensité en carbone des chaînes de valeur mondiales. « Nous sommes bien placés pour être un chef de file mondial dans la fourniture d’énergie verte, de denrées alimentaires durables, d’aliments pour animaux et d’intrants à faible teneur en carbone pour aider les autres pays à se décarboner, mais jusqu’ici, nous avons été lents à promouvoir et à exploiter la véritable valeur de nos ressources. Si nous parvenons à unifier les efforts entre les secteurs et les provinces, nous pourrons devenir un moteur de la décarbonation, de la croissance économique et de la prospérité. L’occasion se trouve là, juste devant nous; nous n’avons qu’à modifier notre stratégie pour avoir une vue d’ensemble et tirer parti de nos ressources pour alimenter un avenir durable, à l’échelle mondiale. »

L’occasion de jouer un rôle de premier plan dans l’agriculture durable s’offre à nous. Agissons dès maintenant pour façonner l’avenir de l’agriculture canadienne.


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